Je déteste l’été.
Vraiment. L’été est de loin pour moi la pire saison de l’année. Déjà parce que, par définition, il y fait chaud et que la chaleur a sur moi des effets désastreux : une production surabondante de sueur qui emprisonne le corps dans une cage gluante et puante (désolé), des maux de crânes qui frappent à un rythme inégal, des piqûres de moustiques et des démangeaisons qui sont le prix à payer pour pouvoir laisser ouvert les fenêtres lors des sombres moments de fraîcheurs, une recherche effrénée et épuisante des endroits où l’on ne cuira pas trop et la satisfaction insupportable des pro-chaleurs fatalement incapables de comprendre. Mais l’été c’est également, au delà des désagréments physiques qui se rajoutent à ceux existants le reste du temps, une cohorte de mauvais souvenirs et de rendez vous ratés avec moi même.
L’été est une saison pourrie aussi car avec le ralentissement des activités sociales, bon cette année en plus on a la COVID donc c’est encore plus abusé, on a du temps pour réfléchir. Et réfléchir dans cette situation, où tout autour de moi me fait me sentir mal, fait ressortir abondamment mes névroses (manque de confiance en soi, sentiment d’inutilité/de nullité) et me plonge dans un mal être des plus désagréables. Aussi, afin de lutter contre ces pensées destructrices, j’ai décidé de coucher sur le papier enfin sur l’Internet le maximum de ce que j’arrive à avouer.
Sans doute vais je me détester après avoir publié cela car même si je sais au fond de moi que j’en ai besoin (rien que le fait d’écrire là m’a déjà pas mal apaisé), je n’apprécie pas plus que ça d’écrire avec la sensation de n’agir que pour être plaint ou réconforté.
Mais comme le disent les fusées, à un moment donné il faut bien se lancer. Donc laissez moi vous conter une part de mon enfance.
Plus jeune, en dehors des moments où je partais en vacances avec ma famille, séjours toujours un peu compliqués pour moi puisque uniquement faits avec la famille proche car l’on devait suivre un rythme de voyage et des destinations s’adaptant à l’autisme de mon petit frère et que j’avais déjà le réflexe d’éviter à mes parents le caprice de mes propres envies, j’étais soit seul chez mes parents soit seul lors des séjours dans la maison campagnarde de ma grand mère que j’adore (elle a eu 94 ans il y a quelques jours et est toujours supra cool, c’est la meilleure d’entre nous) mais qui ne pouvait avoir la prétention d’être une réelle camarade de vacances.
Toute ma jeunesse, de l’école élémentaire jusqu’à une bonne partie de mes études supérieures pourrait être résumer ainsi : je n’avais pas d’ami.
Et je n’ai donc pas connu beaucoup de ces moments d’étés de franche camaraderie joyeuse et innocentes comme il en regorge dans les films et les mangas. C’est une frustration extrême qui s’ajoute à la pile des autres qui vont de la situation sentimentale à la “réussite” sociale.
Mais pourquoi donc cette solitude ? Vaste question.
A l’école primaire, déjà, mes camarades m’ignoraient royalement. Je n’étais pas du tout en danger, juste mis de côté comme un vieux chargeur au fond d’un tiroir. Mais puis je réellement blâmer les autres enfants car, bien que les souvenirs de cette époque soient flous et que je ne comprenne toujours pas à ce jour pourquoi, je garde en moi cette certitude que je ne savais pas réellement comment ni pourquoi me faire des amis et qu’au fond j’ai fini par me complaire plus qu’autre chose dans cette petite solitude et que je refusais d’en voir la souffrance qu’elle m’auto infligeait.
Au collège, ce fut rapidement la fin de mes tentatives d’interaction. J’ai passé en effet 4 années à me faire régulièrement harceler et cela a parfois, fort heureusement peu souvent, tourné à l’agression. Visiblement, avoir une année d’avance et être doué en classe et nul en sport (une constante de mon existence) étaient des raisons suffisantes pour cela. La seule personne de mon âge qui voulait bien m’adresser la parole était un gars, dont j’ai oublié le nom, qui subissait le même traitement. Ne voulant toujours pas inquiété mes parents, j’ai bien entendu tenter de n’en laisser qu’un minimum transparaître à mes parents et visiblement mon silence n’avait pas l’air de gêner un corps enseignant incapable d’agir.
Je pourrais multiplier les anecdotes malheureuses du collège mais gardons ça pour un futur billet. Sachez toutefois que j’ai eu la “joie” d’apprendre il y a de cela quelques temps en retournant là bas, par une curiosité morbide et un brin masochiste qui m’est pourtant peu familière, pour une inauguration que des rumeurs ont continué à circuler sur mon compte dans l’établissement des années après mon entrée au lycée comme quoi je serais passé à “C’est mon choix” ou que je m’étais suicidé. J’ai même eu la désagréable surprise de retrouver un vieux tag avec mon nom de famille suivi de “PD” sur l’un des murs de la cour.
Autant vous dire que si l’un de mes camarades de classe de l’époque se pointait un jour devant moi, je ne veux même pas imaginer ma réaction et je leur souhaite sincèrement de rater leur vie de la manière la plus absurde possible sans croiser la mienne.
Le lycée ne fût pas vraiment mieux. Après m’être fait ce que je pensais être des amis, ils m’ont rapidement tourné le dos au bout de quelques semaines en me traînant eux même dans la boue et en se moquant ostensiblement de mon isolement. Là encore, je n’ai rien dit et pas reçu grand support non plus.
Ironie tragique mais banale, lorsque je me suis retrouvé en situation de harceler et d’exclure quelqu’un des années plus tard, je l’ai fait sans m’en rendre compte et sans chercher à m’excuser lorsque j’en ai eu la possibilité. Je pense que je ne me le pardonnerais jamais.
Ces événements ont forgé en moi une paranoïa assez forte couplé à un hypersensibilité à la trahison et à une intolérance très élevée au manque d’empathie, à l’insensibilité et à la stupidité intellectuelle. Si vous me connaissez, évitez à tout prix l’indifférence ou le silence, déjà parce que c’est pas sympa, ensuite parce qu’il y a 99% de chance que j’aille pourrir votre vie jusqu’à ce que la situation soit claire.
Voilà, il commence à se faire tard et je ne peux dire à vous, brave gens, poussons donc un peu. Je m’arrêterais là pour cette fois mais je pense continuer cet exercice. Ce qui est dehors est un peu moins dedans.